Si on me demande qui est Marguerite pour moi, je vous répondrai que je n'en sais trop rien. Je sais que je l'aime. Un amour brut et volcanique. Celui qui te rend fou. Mais je sais qu'elle a peur de moi, au fond d'elle. Elle me craint pour une raison que j'ignore. Marguerite, elle est rien qu'à moi, je pourrai l'étouffer dans mes bras sans m'en rendre compte, la regarder pendant des heures. Et tout ça, s'en m'en lasser. Parce que oui, Marguerite c'est pas n'importe qui. C'est pas quelqu'un à qui on jette un coup d’œil rapide, c'est pas quelqu'un à qui on parle méchamment. Non, elle c'est bien plus. C'est parfois trop. Parce que même si les non-dit et Joplin creusent un fossé entre nous deux, je m'en fous. Parce que putain, je l'aime Marguerite.

Il lui fait un sourire avenant, et Marguerite, sous sa masse de cheveux blonds, vient le rejoindre sur le canapé. Lui qui pourtant jamais ne souriait. Elle, elle avait le droit à de vrais sourires. Des sourires francs, qui lui donnaient un côté plutôt aimable. Un côté qui faisait que Marguerite venait se glisser dans les grands bras d'Alpha. Elle le serrait fort et il parsemait son crâne de petits baisers. Et pourtant, au fond d'elle, Marguerite avait un peu peur d'Alpha. Elle avait peur de lui parce qu'il avait plusieurs fois levé la main sur Joplin. Elle aimait Joplin. Elle aimait Alpha. Et c'était terrible. Car si elle se rapprochait trop de l'un, elle perdait un peu plus l'autre. Marguerite se recule alors, puis s'adosse au dossier du canapé, Alpha se tenant face à elle. « Eh bien ? » demande-t-il, un sourcil haussé, son regard exprimant l'interrogation. Elle lui prend alors les mains, entrelace les doigts aux siens. Elle se rapproche un peu, et lui aussi. Et tendrement, Alpha prend son visage entre ses longs doigts. Leurs lèvre viennent s'unir un court instant. Il la lâche. Pauvre sourire de la part de Marguerite. « Je t'aime, putain. Je t'aime trop fort Marguerite. » sa voix a des accents presque douloureux. Elle voudrait le prendre dans ses bras encore, mais elle descend du canapé puis s'enfuit par la porte de l’appartement. Elle l'abandonne, encore une fois.

Joplin, elle l'aimait beaucoup. C'était plus qu'une amie, c'était quelqu'un à qui elle pouvait vraiment se confier. Quelqu'un qu'elle pouvait prendre dans ses bras pour pleurer. Mais Joplin, c'était aussi la sœur de Alpha. Et le problème, avec ces deux là, c'était que lorsqu'elle se rapprochait trop de l'un, elle avait tendance à perdre l'autre. À force, c'était douloureux, et elle ne savait plus vers qui se tourner. De plus, Joplin avait construit en elle de la crainte envers Alpha. L'impulsivité de ce dernier le rendait violent, et nombreuses avaient été les fois où il avait levé la main sur sa sœur. Marguerite craignait alors de l'énerver, c'est pour cela qu'elle imposait des distances. Mais heureusement, il y avait Joplin. Et Joplin la consolait tout le temps, ses bras maigres étaient son refuge, son endroit. Marguerite tentait toujours de rassurer son amie sur son poids, de lui dire qu'elle n'était pas trop grosse, qu'elle devait arrêter de s'enfoncer deux doigts dans la gorge. Car cela ne la rendrait pas plus belle, au contraire. Mais Marguerite l'aimait trop pour la nourrir de faux espoirs avec des phrases toutes faites, alors elle se contentait d'être le refuge de Joplin, et ça leur suffisait. Et c'était bien.