Les mots de ma future femme résonnaient en moi sans vraiment m’atteindre, alors que je regardais ma sœur, au loin, se plaindre de la bouffe. Je connaissais l’histoire de notre rencontre pour l’avoir vécue, et si voir l’éclat dans les yeux de ma blonde me plaisait particulièrement, je me préoccupais surtout de ma cadette, visiblement énervée par cette soirée de fiançailles. Oui, j’avais demandé à Trish sa main, oui, nous n’étions ensemble que depuis deux ans… et oui, je savais ce que ma sœur avait en tête, en me lançant ce regard à travers la pièce. Elle me l’avait dit, quelques jours plus tôt, alors que je lui montrais fièrement la bague qui aujourd’hui se trouvait à l’annulaire de ma bien aimée. Toi, petite brune qui me rappelait notre mère, tu savais que mon âme sœur était ailleurs, bien loin, et que cette place à mes côtés lui revenait. Seulement comment… comment voulais-tu que je me raccroche à un passé qui avait visiblement choisi de m’oublier ? C’était la dernière volonté de notre mère, que je continue ma vie, que j’avance… alors j’avance. Et je l’aime, ne va pas croire. Tu l’aimes aussi, ne dis pas le contraire, j’ai bien vu derrière ta farouche décision de la détester que tu ne peux réprimer un sourire, à ses côtés. Trish est une femme bien, crois moi, et je serais heureux avec elle. Elle a plein de projets, un avenir brillant, une envie de me rendre heureux. Elle aurait pu avoir n’importe quel homme, mais c’est moi qu’elle a choisi. Moi, pauvre type qui venait de sauver son chat, tentant maladroitement de la faire rire avec mes mots. Je déteste les chats, mais pour elle, j’avais mis mon dégoût de côté… et elle en valait la peine. Parce que d’un sourire, l’espoir m’est revenu. L’espoir qu’un jour, je pourrais l’oublier. Oublier son visage, les traits réguliers de sa peau, la douceur de ses lèvres, le parfum qu’elle portait… battements de cœurs irréguliers, il fallait que j’oublis. Castiel était partie. Point. Alors dans quelques mois, j’épouserai cette femme, et je serai heureux. Et dans quelques années, elle me donnera des enfants, et je saurai que mon choix était le bon. Je saurai. Parce qu’elle, ne partira pas. Elle ne détruira pas mon monde.

« Tu es heureux ? » Quelle question, alors que tu déboutonnais ma chemise, ton corps à moitié nu près du mien. Tu me connais de mieux en mieux, et tu sais que quelque chose… « Oui. » Ais-je parvenu à glisser, mes lèvres trouvant les tiennes. Et pourtant. Nous l’avons vu, aujourd’hui, mais tu ne te doutes de rien. Tu ne sais ni qui elle est, ni même les dégâts qu’elle a pu faire par le passé, dans ma vie. « J’ai juste un doute sur l’organisatrice que tu as choisi pour le mariage… » Je refuse de trop penser à elle alors que toi, perfection de chair, toi tu es là. Pour moi. A moi. « Ah non ! Tu m’excuseras, mais elle est parfaite… et depuis quand tu te soucies de ces détails ? » Tu mords ma lèvres et me fait basculer sur le lit. Un point dans ton camp, j’ai toujours dis que tu pouvais avoir le contrôle sur cette partie de notre vie. Je veux t’offrir ce mariage dont tu rêves, tu sais ? Mais avec Castiel dans les parages… Seulement je le vois à ton visage, tu ne lâcheras pas prise. A moi de passer outre. « J’veux que tu sois heureuse. » Les courbes de ton corps se collent aux miennes, alors qu’un sourire illumine ton visage. Tu l’es, je le sais ; mais pour combien de temps, encore ? Et tu finis de me convaincre, d’un baiser. Puis un autre. Et l’une de nos nuits, commence par cette promesse, scellée : pour être heureux, je dois l’oublier. Si tu savais seulement…